Florence Collès, CEO de LEAD, un réseau d’entrepreneuses et d’entrepreneurs issus de la diversité, veut sortir les candidates à l’entreprenariat de leur isolement. Travail sur soi, information sur les bons outils et réseautage sont les secrets de la réussite pour les femmes qui veulent créer leur emploi. Car la Shifting Economy est aussi une transition sociale où les femmes ont un rôle à jouer.
Pouvez-vous nous pitcher WoBizz ?
WoBizz est un programme de formation de 4 mois sur l’année 2023, entièrement gratuit, qui sera donné à trois groupes de 20 candidates entrepreneuses sans critère d’âge, quel que soit le stade de développement de l’idée de départ. Le programme consiste en deux ateliers par mois, des soirées de réseautage, des rencontres inspirantes avec des entrepreneuses qui viennent raconter leur parcours, et une journée au côté d’une entrepreneuse pour se mettre dans sa peau. Ce programme a démarré dans le courant du mois de mars.
Quels sont les obstacles spécifiques auxquels font face les femmes dans l’entreprenariat ?
Les femmes ne représentent qu’un tiers des indépendants, elles sont donc clairement sous-représentées. D’une manière générale, elles se heurtent à davantage de barrières que les hommes. Par exemple, elles sont plus nombreuses à vivre dans la précarité. Ensuite, elles cumulent souvent la charge du foyer et des enfants. La preuve, c’est la proportion élevée d’indépendantes complémentaires chez les indépendantes. Et puis, il y a l’aspect psychologique : je constate que les entrepreneuses doutent davantage que les hommes de leurs capacités et de leur crédibilité. Dans le programme, c’est d’ailleurs une des premières thématiques abordées : il faut d’abord travailler sur les croyances limitantes avant d’aller plus loin.
Et quelles sont leurs qualités spécifiques ?
Les entrepreneuses sont habituées à être multitâches du fait de la charge mentale énorme qu’elles doivent gérer, elles sont plus polyvalentes. Les femmes ont également un talent naturel pour fonctionner en collaboration, en équipe. De nombreuses femmes se lancent dans l’accompagnement de personnes et d’entreprises pour développer leur potentiel et travailler sur les intelligences multiples. Ces métiers-là demandent de l’empathie et de l’intelligence émotionnelle. Discriminées à l’embauche, de plus en plus de femmes se tournent vers l’entreprenariat pour créer leur propre emploi : elles n’attendent personne et prennent leur vie en mains.
En quoi est-ce important d’aider les femmes à démarrer leur propre activité ?
Les femmes sont sous-représentées dans l’entreprenariat. Si on veut aller vers une parité, il faut les aider à lever les obstacles que les hommes n’ont pas forcément. Nous les aidons à savoir comment bénéficier des aides gratuites à Bruxelles, ainsi qu’à intégrer des réseaux d’entrepreneurs pour se connecter à un écosystème.
Pourquoi accordez-vous autant d’importance au réseautage ?
Il ne faut pas rester seule dans son coin avec son projet, on n’avance jamais seule. Mon expérience au sein du réseau LEAD m’a appris que les communautés fonctionnent en silo à Bruxelles et ne collaborent pas assez entre elles. Dans le cadre de WoBizz, nous intégrons les entrepreneuses à notre réseau de plus de 1.500 personnes dans des secteurs différents pour étoffer leur carnet d’adresse. Nous créons des ponts avec d’autres structures pour faire avancer leur projet et se faire connaître. La réunion de toutes les lauréates de l’appel à projets Women in Business a d’ailleurs permis d’établir des ponts entre les projets et de tirer parti de leur complémentarité. Nous communiquons notamment entre porteuses de projet pour orienter au mieux les candidates en fonction de leurs besoins. La collaboration entre toutes les structures peut faire la différence pour accroître l’entrepreneuriat féminin à Bruxelles.
Quel rôle jouent les femmes dans la Shifting Economy ?
La transition économique et sociale ne pourra pas se faire sans les femmes. C’est pour cela qu’il faut faire un effort supplémentaire pour lever les obstacles qui les empêchent d’entreprendre en les sensibilisant, en les accompagnant et en les aidant financièrement. Et qui plus est en tenant compte de leur diversité, parce que cela reflète la démographie bruxelloise et toutes les cultures qui y sont présentes.