Certains n’ont pas attendu la crise des prix de l’énergie pour investir dans l’efficacité énergétique. Depuis sa création en 2017, le Pack Énergie a permis à de nombreuses entreprises et ASBL de mettre en place des mesures d’efficacité énergétique pour diminuer leur empreinte carbone et contribuer à assurer leur pérennité. Les conseillers énergie Thomas Lepers (UCM) et Muriel Jadoul (BRUXEO) racontent concrètement la mise en œuvre du Pack Énergie bruxellois.
Vous devez avoir beaucoup de demandes d’aide, en ce moment. Le Pack Énergie peut-il y répondre ?
Thomas Lepers (UCM) : Le Pack Énergie, à la base, n’est pas fait pour les entreprises qui ont un problème pour payer leur facture d’énergie à très court terme. Depuis le début de la crise des prix de l’énergie, nous avons donc mis des filtres pour orienter les demandes vers les aides financières directes, puis vers des mesures générales d’économie d’énergie qui permettent d’alléger un peu la facture. Enfin, nous en profitons pour sensibiliser nos interlocuteurs sur l’importance de la question énergétique à plus long terme pour la pérennité de leur entreprise. La crise énergétique actuelle permet une telle prise de conscience. Notre travail à nous, c’est de définir les actions à mettre en place et de lever les freins à l’investissement dans l’efficacité énergétique.
Quels sont les freins à l’action à moyen et long terme ?
Muriel Jadoul (BRUXEO) : Nos interlocuteurs sont les directions d’ASBL, dans les différents domaines du secteur non marchand (social, santé, culturel, éducation…). Elles sont conscientes que l’énergie, en particulier le chauffage et l’eau chaude, sont un énorme poste financier. Mais elles ont besoin d’être accompagnées pour agir sur le court et moyen terme, tant les urgences inhérentes à la gestion quotidienne d’une ASBL peuvent parfois prendre le dessus. Elles ne disposent ni du temps, ni des compétences techniques nécessaires à une rénovation énergétique de leur(s) bâtiment(s).
Thomas Lepers (UCM) : La réalité des entreprises bruxelloises reste délicate, après une succession de crises, et les freins économiques pour entamer les travaux sont donc nombreux. Et comme la connaissance des différentes sources de financement est très lacunaire, la boucle est bouclée pour ne pas agir.
Comment le Pack Énergie permet-il de lever ces freins ?
Thomas Lepers (UCM) : Nous présentons des arguments chiffrés et économiques aux entreprises pour les motiver à l’action, y compris les aides possibles. Car si on veut aller plus loin que la sensibilisation, il faut manier les chiffres et avoir les connaissances techniques. C’est là où nous intervenons, car il est normal pour l’entrepreneur de ne pas être expert en énergie alors qu’il l’est déjà dans son secteur d’activité. À chacun son métier ! Muriel Jadoul (BRUXEO) : Nous aidons nos interlocuteurs dans les démarches. Par exemple, nous identifions les mesures prioritaires pour leur bâtiment et les aidons à trouver des devis de qualité. Les directions se sentent ainsi épaulées et ont le courage et l’énergie de passer aux travaux, malgré leurs nombreuses autres priorités.
Concrètement, comment ça se passe ?
Muriel Jadoul (BRUXEO) : Nous avons la chance de recevoir des demandes de la part de personnes motivées et proactives, qui ont conscience que leur bâti n’est pas très performant. À la suite d’une visite sur place, nous établissons un rapport écrit qui comprend une priorisation des mesures ainsi qu’un phasage : trois mesures prioritaires avec petit investissement et trois avec gros investissement. Les gains, coûts d’investissement et montants des primes sont chiffrés. C’est un véritable outil d’aide à la décision.
Thomas Lepers (UCM) : Nous allons essayer de faire sauter tous les freins, un par un, grâce à un diagnostic très précis après avoir fait le tour des installations et des bâtiments. Nous établissons une liste d’actions à suivre et comment les financer, grâce à une connaissance très fine de la législation et des contraintes techniques. Nous fixons un calendrier précis et nous sommes disponibles pour relire les devis, de manière objective.
Et ça suffit pour déclencher l’action ?
Thomas Lepers (UCM) : Le dialogue est très important pour recadrer les croyances dues à une méconnaissance technique ou la peur d’agir tant les sommes en jeu semblent parfois élevées. Une simulation financière peut parfois faire la différence. Même dans une situation loin d’être idéale, il y a toujours moyen de faire quelque chose. Nos rapports peuvent aider à y voir plus clair.
Muriel Jadoul (BRUXEO) : Nous n’allons pas lâcher les personnes que nous accompagnons ! Un mois après le rapport, nous établissons ensemble un plan d’action avec les mesures prioritaires et par étapes. Ensuite, nous les accompagnons dans leurs travaux via nos services d’assistance travaux (isolation, rénovation de chaufferie et éclairage). Nous leur demandons de réaliser un monitoring de leurs consommations. Enfin, nous relançons annuellement toutes les structures qui ont bénéficié d’un diagnostic énergétique. Et nous pouvons également accompagner les structures dans la sensibilisation du personnel aux économies d’énergie.