Camille Mommer est Co-fondatrice de l’entreprise Natura Mater, qui accompagne les professionnels (entrepreneurs, architectes, maîtres d’ouvrage et particuliers) dans leurs démarches de construction durable. Saviez-vous que le secteur de la construction génère 40% des émissions de CO2 dans le monde et produit 30% des déchets au niveau mondial (des déchets non recyclables et non compostables, issus pour la plupart de la pétrochimie).
Lauréat Be Circular en 2020 et en 2021, Natura Mater est un acteur phare de l’économie circulaire dans le secteur de la construction.
Comment Natura Mater s’inscrit-elle dans le déploiement de la Shifting Economy à Bruxelles ?
Notre objectif est d’autonomiser les professionnels pour favoriser la construction durable. Pour cela, nous proposons une boîte à outils qui permet de faciliter les démarches, de trouver les bons matériaux – compte tenu des contraintes techniques, budgétaires et esthétiques – et de se former. Depuis son lancement, Natura Mater a accompagné environ 500.000 m2 de projets, évitant ainsi la production d’1 tonne de CO2 par m2.
Quels sont, selon vous, les enjeux du secteur de la construction à Bruxelles ?
L’isolation est un enjeu important, les règles d’urbanisme nécessitent souvent de devoir se focaliser sur l’isolation intérieure. A Bruxelles, nous avons la chance d’avoir un écosystème dynamique en termes de construction durable, notamment avec l’expertise d’entreprises pionnières comme ROTOR ou BC Materials. Grâce à cet écosystème, on peut aller plus loin…
En quoi est-ce important d’accompagner les professionnels pour faire face à ces enjeux ?
Nous avons un rôle de facilitateur de la transition. Une fois que les professionnels ont changé leurs habitudes, tout le monde est gagnant. Dans un bâtiment, il y a des alternatives plus écologiques pour tout et elles peuvent être intégrées progressivement, créant ainsi une émulation dans le secteur. Certains professionnels, notamment les architectes, sont plus sensibilisés et en influencent d’autres. C’est ainsi que certains entrepreneurs ont utilisé des matériaux écologiques recommandés par un architecte, et réitèrent la demande pour un autre chantier. Il s’agit d’intégrer progressivement des matériaux durables et de qualité, en pensant notamment à leur durée de vie et à leur réutilisation, pour contribuer à la circularité du secteur de la construction. Pour outiller les professionnels, nous proposons une centrale d’achat en circuit court.
Quelle est votre vision pour la construction durable d’ici à 2030 ?
Nous sommes convaincus qu’il faut privilégier la rénovation (et non la démolition) et que les bâtiments des villes peuvent être adaptés pour stocker du CO2, comme les forêts, tout en garantissant un lieu de vie sain. Par ailleurs, il y a de plus en plus d’outils High-tech dans la construction, ce qui demande de la maintenance et une maîtrise de l’utilisation, alors qu’il existe des solutions Low Tech, plus intuitives, avec des matériaux aux spécificités techniques et naturelles adaptées, notamment en terme d’isolation (évitant ainsi l’air-conditionné ou les systèmes de ventilation). Par ailleurs, nous sommes convaincus que les systèmes de locations et de remise en usage des matériaux se développeront dans les prochaines années.