L’édito de Benoit Quittre, Président de Kaya, la coalition des Ecopreneurs : Gouverner, c’est prévoir et mobiliser chacun à faire sa part !

Quand je repense à mon enfance, avant le rapport des Meadows et du club de Rome, j’entends mon père, modeste commerçant, nous parler sans cesse des contributions, qu’il avait tant de mal à payer…

A l’heure où l’économie dépasse chaque année les limites planétaires, chez nous dès la fin du premier trimestre, la contribution de l’entreprise à la société se limite-t-elle à payer des impôts, complétée par quelques bonnes œuvres philanthropiques aussi honorables soient-elles ?

Nous partageons le devoir de préserver la maison commune. Et celui de l’entreprise n’est-il pas de rendre ses activités compatibles avec les limites non négociables de notre planète ?

Récemment j’entendais François Gemenne dire que si on lui demandait de perdre 10 kg d’ici à 2030, il serait peu enclin à débuter son régime avant 2029. J’entends aussi qu’après 2030, les aides publiques seront réservées aux entreprises exemplaires.

Mais que va-t-il se passer d’ici là ?

La transition de l’économie suppose un changement de paradigme, au niveau des modes de consommation et de production, tout comme des mécanismes et institutions qui les financent, afin de préserver habitat et ressources, et permettre aux générations futures d’accéder équitablement à une bonne vie. On ne peut laisser ça au hasard, quelle que soit l’organisation concernée.

La planification écologique s’avère nécessaire. A commencer par la trajectoire de transition vers l’économie du donut. La Région de Bruxelles Capitale a pris la main. Chaque organisation, mais aussi chaque citoyen, est aussi appelé à faire sa part. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% en 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050, traçons la trajectoire et partageons l’effort. De combien les réduire chaque année ? Quelle est la contribution à attendre de chacun ? Les méthodes et outils existent et sont aujourd’hui accessibles au plus grand nombre. L’enjeu est de les généraliser pour que chacun connaisse son empreinte, pour savoir où agir, établir les plans, et organiser leur mise en œuvre.  

Anticiper ouvre un espace pour innover, mobiliser et transformer. Anticiper, de façon volontaire ou imposée s’il le faut, permet d’identifier celles et ceux que le changement rendra vulnérables ou caducs et ainsi les accompagner vers une reconversion. Anticiper où la main d’œuvre devra être reconvertie. Anticiper où de nouvelles activités, de nouvelles pratiques ou de nouvelles compétences seront nécessaires, pour organiser leur développement. Avec la trajectoire de transition, il devient possible d’aider celles et ceux qui font leur part ou ce qu’ils peuvent. Une transition juste suppose que l’on soutienne celles et ceux pour qui la transition est ardue. Et une transition juste, c’est aussi pénaliser celui qui nage à contre-courant, et en tous cas ne pas répondre à leur appel à faire une pause. Pour réussir la traversée, la loyauté des uns envers les autres s’impose.

Aider à entreprendre autrement demande d’apporter une vision de quoi demain sera fait, anticiper les transformations, partager la feuille de route et garder le cap, avec clarté, cohérence et ténacité. Si on donne un poisson à un homme, il mangera un jour ; si on lui indique où pêcher, il mangera tous les jours.

Ainsi chacun pourra faire sa part. Au 21è siècle l’entreprise contribuera au respect de l’environnement ou sera hors-jeu. N’est-ce pas une source de sens pour s’engager ensemble dans la transition ?

Benoît QUITTRE

Kaya, coalition belge des écopreneurs